Rodrigue ndzana
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Spectacle de slam: le camerounais Rodrigue Ndzana enflamme la Fabrique Culturelle des 2 Plateaux
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le slam a encore de beaux jours devant lui en Afrique, tant notre continent regorge de talents à l’état pur, maniant à souhait les mots, avec une aisance absolument bluffante. Ce 16 février 2024, à la Fabrique Culturelle d’Abidjan 2 Plateaux, la preuve de la vitalité du slam a été une fois de plus donnée, avec la performance phénoménale de Rodrigue Ndzana, venu tout droit du Cameroun pour communier avec les férus de cette poésie tout aussi particulière que captivante.
Soutenu par quelques collègues ivoiriens, Rodrigue Ndzana, se faisant aussi appelé r’N, s’est montré impérial, à travers un spectacle qui aura tenu toutes ses promesses. Ce sont Noferima et Bérénice, deux princesses du slam, qui ouvrent successivement le bal. “Amadou, c’est mon doudou”, débite suavement la première pour magnifier l’être aimé quand la seconde s’attèle à faire l’apologie de la Côte d’Ivoire, à travers de magnifiques vers.
Le décor ainsi planté, r’N à son tour, est venu faire monter le mercure sur une scène illuminée, avec des musiciens bien en place, l’accompagnant de leurs instruments aux sons magiques; clavier, djembé, guitares sèche et basse, kora, un cocktail explosif de sonorités, de mélodies entraînantes, se mêlant à la perfection à la voix envoûtante d’une choriste au sommet de son art.
“Qui va te donner la moyenne si tu ne te donnes pas les moyens?”, des paroles fortes du slameur international, qui enchaîne des prestations poétiques, en rappelant de manière émouvante le drame ferroviaire du Cameroun en 2016, pour aborder par la suite son expérience personnelle, à travers “Petit papa stagiaire”.
C’est le slameur ivoirien Nin’wlou qui prend le relais des envolées lyriques. “Commence par ne pas reculer, tu finiras par avancer”, “Si ma vie était une phrase, maman, tu en serais la majuscule”, “Ils mangent, mangent, ils mangent seulement, on rajoute des couverts et ça mange seulement, tu mangeras à la sueur de ton front populaire”, a conclu Nin’wlou avec ce pamphlet d’actualité, à travers le titre “Restaucratie”.
Quand Rodrigue Ndzana dit r’N revient sur scène, c’est pour passer à la vitesse supérieure; “On me demande de repasser, est-ce que je fais tant de repassage?”, a-t-il dénoncé, relativement aux projets des jeunes confrontés à un mur administratif. “On est capables, pas coupables”, a-t-il ajouté dans un jeu incisif de mots.
A sa suite, c’est celui qui se fait appeler le poète du ghetto, en l’occurrence Kapegik, qui retient l’attention du public. Il le dit lui-même, son slam est tropicalisé, à travers le Nouchi (argot ivoirien), utilisé comme moyen d’expression, et qui donne à son verbe un caractère original. “Molo molo, on cotise nos moro moro, tchoco tchoco, on ne va plus s’habiller chez toclo toclo. Nous on ne pleure pas, on gboro gboro, pour saisir nos togo togo…”, tel est le message de résilience et d’espoir livré par le slameur nouchi, sous les clameurs d’un public ébahi.
De retour sur scène pour refermer le rideau du spectacle poétique, le slameur international r’N a offert à l’assistance qui en redemandait, quelques titres évocateurs, d’une profondeur lyrique, à travers la promotion du vivre ensemble; “les conflits, c’est juste une question d’ignorance identitaire”, a-t-il expliqué, tout en rappelant par la suite la date historiquement tragique du 15 octobre 1987 à Ouagadougou. “Pendant que s’approchèrent les mutins en treillis, Sankara s’enquérait de la situation du pays”, a relaté avec émotion, l’artiste camerounais, appelant à la liberté et à la dignité de l’Afrique.
Mettant un point final à ce spectacle mémorable, avec “C’est monté, c’est descendu”, expression camerounaise fustigeant à tort la réussite sociale des autres, Rodrigue Ndzana n’est pas passé par quatre chemins pour dire poétiquement ceci: “Il faut que les gens comprennent que dans les grosses voitures, il n’y a pas que des vendus”.
Disons que c’est à un spectacle enrichissant auquel il a été donné d’assister, où se mêlaient avec passion, festival de mots et fontaine de sonorités africaines, au plus grand bonheur d’un public de connaisseurs, conquis par des envolées lyriques de haute intensité.
Il faut rappeler, à toutes fins utiles, que r’N est un performeur émérite, qui a été juré à la finale de la Coupe du monde de slam poésie 2023 à Rio de Janeiro au Brésil. Il est le champion de slam 2016 du Cameroun. Ambassadeur pour le Cameroun à la Coupe d’Afrique de slam poésie, c’est un pionnier en la matière dans son pays et dans la francophonie.
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BIO
Rodrigue Ndzana (r’N) est un pionnier du slam au Cameroun. Parolier réputé, il est également auteur du livre “Je t’aime en splash”, et a coécrit “Le chant des larmes” avec un collectif de poètes des quatre coins de la francophonie.
Artiste impliqué socialement, Rodrigue Ndzana a pavé le chemin pour de nombreux jeunes slameurs, et continue de le faire via les associations Nda Slam, qui signifie la maison du slam en langue Beti, et Grand Slam national, Ainsi qu’à travers le projet d’Ateliers Slam au service des causes sociales. Ça Rime Utile.
Renommé au Cameroun et aussi dans la francophonie, Rodrigue Ndzana de ses mots poignants empreints d’émotion, enchante les amoureux du spoken word en français avec une saveur résolument africaine. Par sa poésie, il est la voix d’une jeunesse consciente, œuvrant pour voir cette Afrique tant prometteuse renaître de ses cendres.
Rodrigue Ndzana est l’Ambassadeur au Cameroun pour institutions internationales telles que la Coupe d’Afrique de slam poésie (CASP) et sert également de lien entre le champion national et La Coupe du monde de slam Poesie (WPSO). r’N est le tout premier champion du Cameroun de slam poésie en 2016, et est considéré par plusieurs comme une référence dans le domaine. Rodrigue Ndzana aime par-dessus tout transmettre sa passion des belles lettres, communier avec son public, et toujours avoir cette sensation d’être un plus dans l’évolution des mentalités et des réalités.
